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« Le territoire ne nous appartient pas, nous appar...

« Le territoire ne nous appartient pas, nous appartenons au territoire, à la terre »

Je remercie la nation mohawk de nous accueillir dans son vaste territoire non cédé. Qu’as-tu fait de mon pays ? Femmes des Premières Nations des 11 nations du Québec, nous dépendons de ce que la terre nous offre. Le territoire ne nous appartient pas, nous appartenons au territoire, à la terre.

Nous, femmes, hommes, des Premières Nations, avons comme responsabilité de protéger la Terre, de sauvegarder le territoire. Nous sommes des victimes, moi, vous, vous qui venez de l’Est, du Sud, de l’Ouest ou du Nord de la planète, nous sommes des victimes de ces dévastateurs de notre Terre.

Je suis nation, de la nation innu. Dans ma langue, Nitassinan veut tout simplement dire notre Terre, ce n’est pas une propriété privée. Ce mot est inclusif. Vous faites partie de cette Terre, vous avez les mêmes responsabilités que les Premières Nations. La sauvegarde de la Terre et du territoire pour les 7 générations futures.

Nous sommes des victimes de ces dévastateurs. Patriarcat : je resterai toujours debout. Système discriminatoire : je garderai la tête haute. Formes raciales : je vais me battre et me mettre debout encore.

On vit des luttes collectives, des images de peur. On nous maintient dans la peur par un système de justice. Nous luttons pour la Terre. On a besoin de respirer de l’air pur, on a besoin de boire l’eau de nos rivières. On dépend de ce que la terre nous donne, on se nourrit de ce que la terre nous offre. Voilà pourquoi on a la responsabilité de protéger la Terre.

Je remercie le Créateur que les 11 nations du Québec se mettent debout, font des barricades, des blocus, se mettent en action. Nous sommes des activistes, des guerriers et guerrières de la paix, des guerriers et guerrières pour la sauvegarde de la Terre, sans violence. C’est important pour nous, la connexion que nous avons avec le territoire et la Terre. Vous faites partie de ces convictions.
Le système patriarcal essaie de nous maintenir dans la peur. Je n’ai pas peur. Je me suis battue contre Hydro-Québec. Mes sœurs se sont battues contre le Plan Nord. Encore des femmes. Parce que nous, les femmes des Premières Nations, avons une responsabilité de protéger la Terre. Parce que le territoire et l’environnement font partie de notre identité. La langue, la culture, nos rites, nos traditions, on forme qu’un. On a besoin de faire revivre encore pour les 7 générations futures. On a besoin de donner à nos enfants ce que nos ancêtres nous ont légué et l’on a besoin de vous.

J’ai des frissons ce soir, je vis de belles émotions, même si je ne comprends pas les autres langues [qui ont été parlées ce soir, l’anglais, l’espagnol], mais je ressens les gens qui nous ont parlé ce soir. L’espoir d’une lutte collective, mondiale, planétaire m’habite. J’espère que vous ressentez ça aussi, qu’on continue ensemble, peu importe où nous sommes, d’être en action pour justement faire tomber ce patriarcat, pour justement prendre notre place en tant qu’être humain.

 

Ce texte est la transcription du discours présenté par Viviane Michel le 10 août 2016 lors du spectacle « Les peuples et la planète avant le profit! Voix des résistances et des alternatives » à Montréal à l’occasion du Forum social mondial 2016. La présentation est disponible en ligne : https://www.youtube.com/watch?v=b3vpdgzg0N4.

 

Photographie du CDHAL

Viviane Michel
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Viviane Michel, femme innu, femme de culture et de tradition, présidente de Femmes autochtones du Québec, porte avec elle la fierté de son peuple.