À l’ère de la montée de la droite et du fascisme, de l’omniprésence d’un discours hégémonique promu par les médias de masse et de l’érosion des libertés à travers le monde, la nécessité de trouver des alternatives et des stratégies de communication se fait de plus en plus pressante.
À travers les Amériques, les personnes oeuvrant dans le secteur de la communication, journalistes, militant.e.s et défenseur.e.s des droits tentent tant bien que mal d’informer, de rejoindre les populations et d’exercer leur droit à la communication et à la libre expression dans des contextes où elles et ils font régulièrement face à la criminalisation et à un difficile accès aux ressources. Au Guatemala, par exemple, les licences de radiodiffusion sont achetées via un système d’enchères, rendant l’accès aux ressources inégal. Au Mexique, un.e journaliste est assassiné.e à tous les 22 jours dans l’exercice de ses fonctions et plus de 99% des cas demeurent dans l’impunité.
Cette édition de Caminando s’inscrit dans ce contexte et vise à valoriser des initiatives de communication alternative, communautaire et sociale, mises de l’avant par et pour les populations. Cette année, vingt-six auteur.e.s et organisations ont accepté de partager leurs expériences et analyses sur cette thématique. La réponse significative à l’appel à communication démontre l’importance du sujet et l’urgence de s’unir pour lutter contre le modèle de communication promu par le système capitaliste. À la lumière des témoignages dans les pages qui suivent, un constat apparaît flagrant : les moyens de communications de masse à travers le monde sont au service d’une élite politique et économique minoritaire qui contrôle l’information et les ressources au détriment de la majorité.
À l’heure actuelle, les moyens de communication alternatifs et populaires constituent donc l’un des principaux outils de lutte pour les droits humains. Ils offrent des espaces de revendication, de diffusion libre de l’information, de transmission d’information sur les luttes sociales, de participation et d’empowerment, de multiplication des voix, de critiques et de construction conjointe d’analyses.
De nouveaux moyens de communication et de nouvelles plateformes, notamment les réseaux sociaux, sont également apparus au cours des dernières années, donnant la voix à des personnes souvent exclues de l’espace public. Les mouvements tels que #VivasNosQueremos et #moiaussi en sont la preuve.
Nous espérons que cette édition de la revue Caminando vous donnera un large panorama d’expériences et d’analyses sur les moyens de communication communautaires, populaires et alternatifs, qui méritent d’être mieux connus et partagés massivement afin de faire contrepoids au contrôle de l’information et la désinformation.
Nous souhaitons remercier les auteur.e.s, ainsi que toutes les personnes qui ont appuyé solidairement la traduction et la révision des articles, et les artistes qui ont partagé leurs illustrations. La réalisation et la publication de cette édition a été rendue possible grâce à leur appui précieux. Nous remercions également les partenaires de cette édition de Caminando qui, encore une fois cette année, ont démontré leur soutien pour ce projet.
Bonne lecture!
Roselyne Gagnon
Roselyne Gagnon est titulaire d’un baccalauréat en Arts de l’Université McGill, avec concentration en études du développement international et études de l’Amérique latine et des Caraïbes. Elle est diplômée de la maîtrise en science politique de l’Université du Québec à Montréal et travaille au Comité pour les droits humains en Amérique latine.
Marie-Ève Marleau
Marie-Ève Marleau est coordonnatrice du CDHAL depuis 2012. Elle a contribué à des projets de recherche participative qui portent sur les impacts des mégaprojets miniers dans les Amériques et sur l’équité socioécologique au sein des mouvements sociaux en résistance à ces projets au Centre de recherche en éducation et formation relatives à l’environnement et à l’écocitoyenneté de l’Université du Québec à Montréal. La justice sociale et écologique et la défense des droits humains ont toujours fait partie de ses principales préoccupations et activités militantes.