Je suis toi, dans une autre vie

Sur ce long sentier qui me voit marcher,
sous le soleil éphémère qui arrache, subtilement,
les cendres de mes pas.

Raconter ce qui s’est passé.
Ce n’est jamais assez,
le bien parmi les biens.

Je suis toi,
dans une autre vie,
peut-être,
sans tradition occidentale,
seuls les vestiges d’un futur fatal.
Rouge, Bleu, Jaune, Noir et l’infini.

Une prière! Qui sera debout?
Les corps illuminés d’ombres?
Que diront-ils?
Un rêve? Des mythes? Les abimes?
Une maison en ruines?
Un banquet de miettes?

Le Droit? Où est-il?
Là-bas! Par terre.
La fin n’est pas pour toujours.

Nous marchons, visage effacé,
sur ce chemin
qui se termine très loin.

N’ayez pas peur,
ne détournez pas votre regard,
quand j’aurai fini
d’enlever mon masque.

Dans le vide,
ma voix se fait écho.
Le néant enveloppe,
je l’entends,
je le sens.

Le silence demeure,
ferme les portes,
rit des mortes,
comme un loup macabre.

Et mon visage?
Je ne l’ai jamais vu.

 

Traduction par Pierre Bernier

 


Note de l’auteur :
Dans ce texte, je hausse la voix contre le machisme, contre les disparitions, les féminicides, les enlèvements et les homicides en Amérique latine. J’évoque les femmes et leurs pèlerinages quotidiens sur les routes poussiéreuses, pleines de déchets, vers leurs lieux de travail ou d’étude, et leurs foudroyantes disparitions. Je parle aussi de la façon dont le CDHAL élève la voix et agit afin que ces crimes ne restent pas impunis, dans une société qui n’aime pas regarder sa propre barbarie, son propre visage.

F.H Daniel
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F.H Daniel est né au Mexique en 1992, dans la ville de Cordoba (État de Veracruz). Il a émigré à Montréal en 2008. À travers les arts plastiques, la poésie et la musique, il cherche à lutter contre la désensibilisation des temps modernes et l'oubli de la signification de ce qu’est être humain.