L’édition du volume 30 de la revue Caminando coïncide avec la clôture du projet Énergie, pour qui et pour quoi? (2013-2015) qui s’est intéressé aux enjeux énergétiques du Québec, tout en faisant des parallèles avec ceux de l’Amérique latine. Ce projet a été rendu possible grâce à l’appui financier du ministère des Relations internationales et de la Francophonie (MRIF), par l’entremise du Fonds d’éducation et d’engagement du public en solidarité internationale (FEEPSI). Ce Fonds est délégué à l’Association québécoise de coopération internationale (AQOCI). Cette seconde étape du projet n’aurait pu être possible sans la précieuse implication de tous les militant.e.s, collaborateurs.rices, ami.e.s et partenaires du CDHAL. Toutes ces personnes qui ont pris part au projet et aux activités ont permis de partager nos connaissances et de construire collectivement un outil pédagogique sous forme de bandes dessinées portant sur les enjeux socio-énergétiques. C’est donc à travers les rencontres des comités, la participation de chacun.e lors des tables rondes et les liens solidaires au Québec comme en Amérique latine que nous avons réalisé l’exploration du concept de « justice énergétique », fortement inspiré du concept de « souveraineté énergétique » bien connu en Amérique latine. Ce dernier cherche à répondre aux besoins des peuples et à concevoir l’énergie et le développement de manière plus inclusive, juste et durable.
En ce sens, le nouveau numéro de Caminando présente les résultats visés par ce projet et formulés autour de questions portant sur le modèle énergétique dominant, et permet de mettre en lumière des enjeux qui y sont intimement rattachés. Les pétitions et les actions urgentes que le CDHAL et les autres organisations de solidarité sociale font circuler témoignent de l’ampleur de la répression de l’État contre les protestations pacifiques de la population et comment les mégaprojets énergétiques dirigés par l’avidité néolibérale sont imposés aux communautés. Autour de nous également, nous constatons les dérives des gouvernements québécois et canadiens à travers leur « chasse » aux écologistes, la loi C-51, les féminicides des communautés autochtones, les mascarades derrière lesquelles se cachent les consultations publiques, etc.
Dans ce numéro, c’est la résistance féministe qui attire l’attention. Car dans bien des cas, les femmes constituent le moteur des luttes sociales pour défendre leurs droits, leurs territoires, leurs terres et créer des alternatives au modèle extractif dominant. Cette nouvelle édition de la revue est en lien avec la quatrième Action internationale, sous le thème « Libérons nos corps, notre terre et nos territoires » de la Marche mondiale des femmes (MMF), un mouvement international des actions féministes agissant pour éliminer les causes de la pauvreté et de la violence contre les femmes à travers le monde.
Les textes qui suivent abordent la résistance face à la dépossession des terres qui affecte les familles, l’alimentation, la culture, la dégradation des conditions de vie des communautés et les conséquences spécifiques sur les femmes en fonction des inégalités structurelles déjà existantes, les atrocités écologiques et sociales des projets extractifs menés par des compagnies milliardaires ou des gouvernements corrompus. Les articles, les poèmes et illustrations que vous vous apprêtez à lire proviennent tous de collaboratrices et collaborateurs appartenant à différents mouvements ou organisations des Amériques. Ils illustrent la diversité des luttes à travers le continent, mais n’en sont qu’une infime partie. Nous tenons aussi à souligner l’important apport solidaire d’étudiant.e.s, de militant.e.s et de membres du CDHAL pour la traduction et la révision des textes. En espérant que les sujets traités vous indignent et vous inspirent autant que nous, bonne lecture!
Illustration : Foire des utopies, Angie Vanessita, 2014
Julien Boumard-Coallier
Julien Boumard-Coallier a été chargé de la deuxième année du projet Énergie, pour qui et pour quoi? au Comité pour les droits humains en Amérique latine.